Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Cendrine BERTANI

Le parcours d'une jeune romancière confrontée au monde de l'édition.

Nouvelle de 1991 : " Surprise ! "

Publié le 24 Mars 2013 par Cendrine BERTANI in Nouvelles

    Le silence revint de nouveau, immédiatement suivi par un concert d'applaudissements. Julia se sentit forcée de se mêler aux autres et, sans grand enthousiasme, frappa à son tour dans ses mains.

    Elle n'aurait jamais imaginé qu'un opéra de V... puisse à ce point être inintéressant. Comment s'appelait le compositeur déjà ? Elle n'avait pas retenu son nom. Oh, et puis zut! Il n'y avait pas de raison qu'elle reste à s'ennuyer plus longtemps. Tant pis pour son billet.

    Tout le monde la croyait ici, et son mari était sorti faire une partie de cartes avec des copains. Qu'importe. Elle pouvait bien passer une soirée solitaire en compagnie de la télévision.

    Julia se mit à rire, sa veste sous le bras, et s'apprêta à quitter la salle de concert.

    Une bouffée d'air chaud l'accueillit à la sortie de l'opéra. D'un geste machinal, Julia releva une mèche rebelle qui lui retombait sur le front. Voyons. Vingt-deux heures déjà. Elle avait fait preuve de plus de patience qu'elle ne l'imaginait.

    C'est alors qu'elle se souvint d'un problème. Marc devait venir la chercher à minuit. Il faudrait l'appeler pour décommander. C'était lui qui avait gardé le trousseau de clés en sortant. Elle n'avait pas pris les siennes. Comment allait-elle entrer dans leur douillette maison ?

    Quand elle arriva devant leur " home ", où ils s'étaient installés un an plus tôt, après leur mariage, elle s'aperçut qu'une fenêtre était ouverte. Elle ne se rappelait pas l'avoir laissée ainsi, mais Marc avait pu ouvrir pour aérer un peu, sans se soucier que le rez-de-chaussée donnait sur la rue.

    Julia trouva ce détail bienvenu. Elle rit à la pensée que les voisins risquaient de composer le numéro de la police, en la prenant pour un cambrioleur, si elle passait par la fenêtre.

    Elle escalada prudemment la margelle, dans sa robe de soirée, juchée sur des escarpins bien trop élevés. Soudain, sa figure se figea: Julia crut entendre des voix basses, à l'intérieur de chez elle.

    Elle trembla, stupéfaite. Jamais elle n'aurait imaginé que sa maison pouvait être visitée le soir même. Et pourtant...

    Tout le monde à la boîte savait qu'elle se rendait à l'opéra, que Marc n'avait pas eu le courage de l'accompagner ( l'opéra, c'était si soporifique, disait-il, il avait peur de s'y endormir et de gêner les autres spectateurs avec des ronflements incongrus ). Marc avait pu ébruiter le fait qu'il sortait jouer au poker. Cela avait dû se savoir.

    On avait appris que la maison serait vide, jusqu'à minuit. Des gens malintentionnés pouvaient avoir eu l'idée d'un casse. Elle conservait des bijoux. Il y avait le coffre.

    Mon dieu, elle allait tomber nez à nez avec des cambrioleurs. Des assassins peut-être ?

    Paniquée, Julia tomba. Elle s'affala lourdement sur le plancher de la salle à manger, son sac à la main, brandi comme une arme dérisoire.

    Et se retrouva la cible des regards interloqués de tous ses amis éberlués, réunis pour organiser, en cachette, sa fête d'anniversaire.

reveillon coupes et chapeaux

Commenter cet article