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Cette année, la manifestation culturelle autour de la peinture lyonnaise a fait participer les auteurs de l'UERA, avec pour projet de commenter une oeuvre en prose.
Mon choix s'est arrêté sur le tableau " La traversée " de David Lefebvre, car je distinguai dès le premier abord les ruines d'un amphithéâtre romain, derrière cette peinture audacieuse, architecturale, et dont les escaliers ne mènent nulle part. Vaste réflexion sur le temps qui passe, la grandeur, la décadence et l'avenir de l'homme.
David a eu la gentillesse de m'autoriser à reproduire son tableau. J'y joins le texte que je propose pour compléter sa vision de l'Antiquité.
La traversée
Gravir des degrés, descendre dans l'arène, remonter dans le passé, envisager l'avenir ? ...
Nos routes sont-elles tracées, dans l'ombre de nos ancêtres ?
Le sang versé jadis a-t-il fertilisé les âges à venir ?
La nourriture offerte aux dieux souterrains a permis de marcher vers notre destin, façonné dans l'argile.
Le labyrinthe antique n'a-t-il qu'une issue ? Ou faut-il essayer de retrouver nos marques sur le sable, où le vent efface de son souffle moqueur l'empreinte de nos errances ?
Des civilisations plus solides que la nôtre s'éteignirent, quand leur flamme fut mouchée par un ouragan industriel.
Prisonnier d'un dédale en ruine, victorieux dans ses propres combats, pour posséder le monde, sans mettre le pied ou le genou à terre, l'homme moderne, sous les cieux d'une aube nouvelle, perd ses repères.
Qui affrontera-t-il lorsque le ciel sera noir ? L'adversaire ne portera plus les armes du rétiaire ou du thrace. L'ennemi ne sera plus son semblable.
Il aura traversé les âges, les mythes, l'espace. Il pourra lire dans son passé qu'il a côtoyé les dieux. Il se fera prophète, pour ébaucher son avenir. Il aura les ressources, la technologie, la puissance.
Mais il aura créé sa perte. Car au bout du chemin, l'homme sera face à face avec lui-même.
Au terme de son ascension, ce qu'il verra, ce sera la ruine de notre monde. Des vestiges qu'il sème.
